L'Express du 11/12/2003
L'homme
qui nous a gâché l'année
par Alain Louyot, avec Philippe Coste
Il n'a pas réussi à atteindre ses buts de guerre en Irak, à terroriser les terroristes ni à remettre un peu d'ordre au Moyen-Orient. Mais, incontestablement, le président américain a placé 2003 sous le signe de l'inquiétude
Pour sa victoire par chaos en Irak et le nouveau désordre mondial qu'il a largement contribué à instaurer, George W. Bush mérite sans conteste le titre planétaire d'«homme de l'année 2003». Au cours des onze mois écoulés, nul autre que lui n'a pesé à ce point sur la situation internationale et son angoissant devenir. Nul autre que lui ne s'est autant imposé à la Une des journaux, dans nos conversations et parfois même dans nos cauchemars.
Autre exploit à son actif, celui d'avoir réussi à réconcilier adversaires et partisans de l'intervention militaire américaine à Bagdad, qui en tirent le même bilan unanimement jugé, pour l'heure, pitoyable. Les premiers se rengorgent en nous serinant qu'ils l'avaient prévu, qu'ils l'avaient bien dit. Les seconds, amers d'avoir trop fait confiance à cette Amérique dont ils chérissent les valeurs, répètent que cette offensive opportune contre le régime odieux de Saddam Hussein aurait pu être salutaire si la gestion de la victoire avait été mieux préparée. Bref, chacun dénonce, dans un même opprobre, l'immense gâchis, tandis qu'au Moyen-Orient, mais aussi à nos portes, la liste des conséquences tragiques ou simplement néfastes de cette entreprise guerrière mal menée et malmenée ne cesse, chaque jour, de s'allonger.
Le ressentiment à l'égard de l'imprévoyant stratège George W. Bush est à la mesure des ambitions qu'il a affichées. Certes, sa démarche - éradiquer le terrorisme en neutralisant les Etats censés le soutenir - était légitime, et ses intentions - apporter la paix et la démocratie non seulement en Irak mais dans toute la région - des plus nobles. Encore eût-il fallu que la grandeur de cet idéal ne lui tourne pas la tête au point de n'écouter personne, pas même l'Organisation des Nations unies, dont l'immense majorité des membres multipliaient les mises en garde. «Soyez prudent!» l'exhortaient-ils, le 16 mars, juste avant le déclenchement des hostilités, par la voix de Jacques Chirac s'exprimant sur CNN. Sourd - voire autiste - au début de 2003, aux conseils émanant de qui que ce soit n'appartenant pas à sa garde rapprochée, George W. Bush, en cette fin d'année, se montre plus ouvert, plus conciliant devant l'adversité. Ainsi, sa récente volte-face pour tenter d'enrayer l'escalade des attentats contre les soldats de la coalition et rassembler une population américaine de plus en plus divisée. Reprenant à son compte le scénario à l'afghane suggéré en vain par la France au début du conflit, le président des Etats-Unis annonçait l'instauration, avant le 30 juin 2004, d'un gouvernement provisoire désigné par une assemblée de délégués des provinces irakiennes, ainsi que la convocation d'une convention constituante, d'un référendum et d'élections nationales directes à l'horizon 2005. La voix de la raison, enfin, mais bien tard, peut-être même trop tard.
Le carnage d'Istanbul prouve l'échec de sa croisade
«Impuissance de la victoire», disait Hegel à propos de la très impopulaire campagne napoléonienne en Espagne. Première guerre impériale du siècle, engagée au mépris du droit et des institutions internationales (ONU, Otan, Union européenne), à la différence de celle menée en Afghanistan, jugée légitime au lendemain de la tragédie du World Trade Center, cette conquête de Bagdad au pas de charge allait très vite susciter la colère des musulmans du monde entier, à commencer par ceux, sunnites ou chiites, que Bush venait pourtant de libérer du joug de Saddam Hussein. Aux 13 000 Irakiens, dont 4 300 civils, tués pendant l'offensive, entre le 19 mars et le 1er mai, des dizaines d'autres victimes viennent s'ajouter chaque jour au sein de la population locale, qui vit la présence militaire américaine comme une occupation de plus en plus oppressante. Avion civil ou hélicoptères militaires frappés par des missiles, voitures piégées, tirs de roquettes sur des hôtels, des commissariats ou des casernements, embuscades: le corps expéditionnaire américain et ses alliés, notamment italiens, tout comme les fonctionnaires irakiens ou les représentants d'organisations internationales, paient cette intervention un prix exorbitant depuis le début du ramadan, où le nombre d'attaques quotidiennes dirigées contre eux dépasse la trentaine. En trois semaines seulement, au mois de novembre, près de 60 soldats américains et italiens, ainsi que 7 agents de renseignement espagnols et 2 diplomates japonais, ont ainsi trouvé la mort. D'une façon générale, l'après-guerre (depuis le 1er mai) a déjà tué deux fois plus de GI (environ 200) que la guerre elle-même. Prenons, à titre d'exemple, une journée somme toute «ordinaire» par le nombre des victimes: le 22 novembre, 18 Irakiens ont été tués et des dizaines d'autres blessés dans deux attentats suicides à la voiture piégée contre des commissariats dans le nord de Bagdad. Ce même jour, un Airbus A 300, affrété par la compagnie allemande de courriers rapides DHL, est touché en phase de décollage, au-dessus de l'aéroport de la capitale, par un missile SAM-7. L'aile en feu, l'appareil réussira à se poser in extremis. Dans la soirée, en plein dîner, deux roquettes frappaient un bâtiment de la Compagnie pétrolière du Nord (NOC), à Kirkouk, utilisé comme cantine par des Américains, militaires et civils, dont plusieurs seront blessés. A ajouter, enfin, le cadavre d'un soldat américain, retrouvé flottant entre deux eaux, dans un canal...
Mais la mort, en ces temps où la haine contre l'Amérique et l'Occident se propage à la vitesse d'un incendie, frappe bien au-delà des frontières poreuses de l'Irak. Jamais depuis le 11 septembre 2001 le terrorisme d'origine islamiste «incarné» par la nébuleuse Al-Qaeda n'a été si actif, si redoutable. Bush promettait un Moyen-Orient pacifique et démocratique, mais c'est vers un abîme de folie meurtrière qu'il semble nous précipiter. Organisés avec une technicité, une simultanéité effrayantes, les carnages de Riyad, Casablanca ou Istanbul (25 morts le 15 novembre et 29, le 20 novembre), le choix des cibles occidentales - synagogues, siège onusien ou consulat britannique - sont éloquents quant à l'échec de l'offensive antiterroriste tous azimuts, de la croisade contre les «forces du Mal» engagées depuis plus de deux ans par le chef de la première puissance mondiale. «La guerre en Irak et la façon dont elle a dégénéré ont encouragé toutes sortes de groupes, comme le Jihad islamique, Hamas, les Brigades des martyrs d'al-Aqsa», constate, devant la recrudescence, aussi, des attentats anti-israéliens, Robert Baer, un ancien responsable de la CIA spécialisé dans les mouvements extrémistes islamistes.
Non seulement les idéalistes néoconservateurs de Washington, qui rêvaient d'instaurer une «pax americana» au Moyen-Orient, n'ont rien fait pour ranimer le processus de Madrid ou d'Oslo ou encourager vraiment la «feuille de route», dernière initiative en cours, laissant l'abcès israélo-palestinien se gangrener un peu plus, mais c'est une coalition islamo-nationaliste qui va vraisemblablement s'imposer à Bagdad au lieu de l'Etat laïque escompté. Cette coalition, à dominante chiite, pourrait se révéler plus dangereuse encore pour la région que le régime baasiste renversé, si exécrable fût-il, en termes de risque de contagion et de déstabilisation. Pour l'heure, voilà l'Irak devenu, après l'Afghanistan de Ben Laden, une nouvelle terre d'élection et de recrutement pour les terroristes! Ceux-ci vont s'y approvisionner en explosifs, munitions, lance-missiles, lance-roquettes, grenades ou kalachnikovs encore aux mains des ex-soldats de l'armée de Saddam, que les stratèges de George W. Bush ont fait l'erreur fatale de dissoudre. Obnubilées qu'elles étaient par la recherche d'introuvables armes de destruction massive, les forces américaines ont laissé se disperser tout un arsenal plus conventionnel dont une bonne partie, estiment les services de renseignement occidentaux, aurait déjà franchi certaines frontières, comme celle entre l'Irak et la Turquie.
Ces erreurs tactiques ou psychologiques que la communauté internationale paie aujourd'hui seraient dues, murmure-t-on à Washington, à un manque d'informateurs sur le terrain et à l'absence de plan et de consignes précis pour la gestion de l'immédiat après-guerre. Illustration de ces faux pas et flottements: la bannière étoilée maladroitement déployée à la place du drapeau irakien devant les caméras du monde entier, lors de la chute de Bagdad, ou le laisser-faire des forces américaines assistant en spectateurs aux pillages systématiques des bâtiments officiels, musées, casernes ou magasins d'armement. Cette impréparation, cette improvisation de la guerre en Irak, dont on mesure chaque jour les conséquences et qui laisseront de cette année 2003 un souvenir amer, s'expliquent également par la personnalité du président américain et par le caractère messianique de sa «croisade».
La conviction qu'il faut apporter le salut aux autres, fût-ce malgré eux
Peu concerné par ce qui se passait en dehors des frontières des Etats-Unis jusqu'à la tragédie des Twin Towers, l'ancien gouverneur du Texas s'est brusquement trouvé contraint de s'aventurer sur la terra incognita pour lui des questions internationales et stratégiques... «Ce fut le 11 septembre qui, en deux heures, donna à George W. Bush une politique extérieure, qui se résume en trois mots: ''guerre au terrorisme''», écrit, dans son récent ouvrage, La Terreur et l'empire (Seuil), Pierre Hassner. Et le directeur de recherche au Ceri (Centre d'études et de recherches internationales) d'expliquer ainsi la «volonté d'en découdre» avec les Etats définis, selon la conception américaine, comme «voyous»: «Le double sentiment de vulnérabilité vaguement pressentie et d'une puissance sans rivale [...] prend brusquement corps dans l'idée d'un ennemi, incarné et symbolisé par Ben Laden mais présent partout, qu'il fallait et que l'on pouvait éliminer. ''We have found our mission! '' (''Nous avons trouvé notre mission!''), s'écriait George Bush.»
«Mission», «croisade», «axe du Mal», expressions combien révélatrices de la vision presque calviniste du président américain et selon laquelle il agit au nom du Bien contre les forces obscures. Avec la conviction qu'il faut apporter aux autres le salut, fût-ce malgré eux, voler à leur secours même s'ils ont le sentiment, à tort ou à raison - comme ce sera le cas pour nombre d'Irakiens - d'être l'objet d'une invasion, d'une occupation plutôt que d'une libération. Cette attitude pèsera dans la stratégie de Jacques Chirac, inquiet, avant le conflit, d'entendre le président américain lui dire au cours d'une conversation téléphonique privée: «C'est Dieu qui me guide.» «Dans la politique de Bush, je ne vois que des impulsions», constate Bruce Buchanan, professeur à l'université du Texas, l'un des plus fins observateurs de l'actuel président. Des impulsions encouragées par des collaborateurs qui partagent sa vision messianique, tel Paul Wolfowitz, n° 2 du Pentagone, qui était sans doute l'un des plus convaincus de la prétendue culpabilité de Saddam Hussein dans la vague d'attentats du 11 septembre et donc de la nécessité de le châtier avant qu'il récidive.
Depuis, nombre d'Américains ont compris, en comptant leurs morts, que tout n'était pas aussi simple dans ce lointain Orient compliqué que voulaient le leur faire croire l'actuel chef de la Maison-Blanche et ses plus zélés conseillers, convaincus, pour leur part, du «raz de marée démocratique» qu'ils allaient automatiquement provoquer dans la région. Un an avant la présidentielle de novembre 2004, Bush ne dispose plus que de 51% d'opinions favorables dans son pays, alors qu'il avait 83% dans les semaines suivant l'attentat du 11 septembre. Pour être en baisse, ces chiffres ne laissent en rien présager le résultat des prochaines élections. Dans un pays si idéologiquement divisé, ce score reste honorable. Il traduit, certes, la crise de confiance actuelle de l'opinion sur la capacité du gouvernement à résoudre l'imbroglio irakien, mais, surtout, son incertitude sur l'économie: malgré les signes de reprise - un taux de croissance de 8,2% du PIB au troisième trimestre 2003, soit plus du double de celui du deuxième trimestre et un record depuis vingt ans - le chômage, principale inquiétude des Américains, n'a pas vraiment commencé à se résorber.
En attendant que l'emploi redémarre, presque certainement au premier trimestre de 2004, compte tenu de ce retour spectaculaire de la croissance (boostée par les dépenses militaires), Bush compte essentiellement sur les questions intérieures pour soigner sa popularité. A peine descendu de l'avion qui le ramenait d'Angleterre, le 22 novembre, le président a consacré ses premières minutes sur le sol américain à réaffirmer, devant les caméras, son soutien à une réforme de l'assurance médicale des personnes âgées - qui offre, pour la première fois, une couverture partielle des médicaments - et au programme de politique énergétique. Le chapitre politique étrangère, au milieu de l'énorme branle-bas de la campagne, reste surtout un moyen de renforcer symboliquement l'envergure de chef d'Etat de Bush. Les panneaux «Royaume-Uni» installés à l'arrière-plan lors de son discours de Londres, aussi lourdauds et même grotesques puissent-ils paraître sur le sol britannique, n'avaient d'autre but que de rappeler, lors de prochains spots télévisés, que Bush était en voyage et qu'il est donc, à l'évidence, une personnalité fort respectée du vaste monde...
Last but not least, le fantastique coup médiatique du voyage surprise du président pour fêter Thanksgiving avec ses troupes à Bagdad, le 27 novembre. Organisée dans le plus grand secret, cette visite éclair de trois heures où Bush a partagé, devant quelques photographes et cameramen triés sur le volet, la traditionnelle dinde rôtie avec les boys réunis à l'aéroport de la capitale, a autant enthousiasmé le peuple américain qu'irrité nombre d'Irakiens, qui l'ont ressentie comme une provocation et une supercherie en cette période de chaos. Mais l'objectif de cette opération de propagande était, évidemment, exclusivement électoral...
Si Ben Laden était retrouvé, la réélection en 2004 du président sortant tournerait au plébiscite
Certes, l'Irak constitue l'argument essentiel de ses détracteurs. Ils l'accusent d'avoir trompé le grand public pour mener à bien son offensive (53% jugent qu'il a menti), malgré l'absence d'armes de destruction massive, et, surtout, d'avoir mal préparé l'occupation de Bagdad. 31% des Américains et 45% des républicains estiment qu'il n'a toujours pas de plan clair pour l'avenir de l'Irak, au moment où le bilan des pertes humaines ne cesse de s'alourdir.
Pourtant, il faudrait vraiment un chaos continuel et inexorable pour semer, outre-Atlantique, le doute sur la compétence et l'efficacité d'un gouvernement réputé dur et déterminé. Bush, tout en mettant en avant les modérés de son administration, va tout faire pour arracher au moins une «victoire», dont la nature reste à définir. Il pourrait s'agir d'une simple stabilisation de la situation, d'un transfert du pouvoir politique aux Irakiens, l'été prochain, qui donnerait l'illusion d'un engagement moins frontal et solitaire des Américains.
Evidemment, même si elle ne modifierait pas la situation sur le terrain de manière radicale, l'idéal serait une arrestation de Saddam Hussein - l'armée américaine a manqué de peu, il y a quelques jours, lors d'une vaste opération de ratissage, l'arrestation de son ancien bras droit, Ezzat Ibrahim. Or le général Odierno, qui commande la 4e division d'infanterie, basée à Tikrit, assurait le 26 novembre que le raïs déchu se trouverait toujours en Irak, où il se déplacerait constamment. Et si, d'ici à un an, Oussama ben Laden était retrouvé, mort ou vif, la réélection en 2004 du président sortant tournerait au plébiscite! Pour l'heure, la recrudescence des attentats en Irak et en Turquie, interprétée en Europe comme un échec de la doctrine américaine, accentue la peur du terrorisme aux Etats-Unis. Et cette peur constitue le fondement de la crédibilité présidentielle du Bush de l'après-11 septembre. Jimmy Carter, dans une interview récente pour la télévision publique américaine, affirmait: «Bush sera certainement réélu, d'abord parce qu'il dispose déjà d'un financement de campagne énorme, [il pourra sans doute disposer de 200 millions de dollars, contre 70 millions au maximum pour un quelconque opposant démocrate], ensuite parce que le terrorisme demeurera une préoccupation essentielle des citoyens dans un an, au côté de la conjoncture économique, promise à une sensible amélioration.»
Bush, en dépit de sondages plus ou moins fiables, reste l'idole de la population lassée des politiciens classiques et est perçu comme un mal nécessaire - à cause du terrorisme - par une partie de l'opinion qui n'apprécie pourtant ni son style ni la ligne sociale et politique de son gouvernement.
Il est donc prévisible que Bush, qui, à bien des égards, nous a gâché cette année 2003, saura éviter, avec pragmatisme et jusqu'aux élections, les situations trop risquées en matière de politique étrangère, en particulier dans le conflit israélo-arabe. Mais il s'affirmera toujours, grâce à une rhétorique antiterroriste très forte et à une multiplication des proclamations idéologiques sur la «promotion de la démocratie et des libertés» de par le monde. A Washington, des rumeurs laissent ainsi entendre qu'il va prendre des positions très marquées contre... Fidel Castro. Le dossier n'est pas explosif en soi et peut lui garantir un soutien électoral en Floride, en maintenant son image néo-wilsonienne et antitotalitariste auprès d'une large partie de l'opinion. Pour l'Irak, il n'aura de cesse de prétendre à la modération et à l'appel aux alliés (déloyaux) des Etats-Unis pour prouver son bon sens, et sa sérénité face au conflit. Ses opposants démocrates, dont le profil jeune et progressiste, tel Howard Dean, aurait pu constituer un avantage électoral dans d'autres circonstances, manquent de la crédibilité nécessaire dans un contexte de lutte antiterroriste et de grande peur américaine.
Bref, sauf coup de théâtre, George W. Bush a de bonnes chances, en novembre 2004, d'être reconduit pour quatre ans à la tête du leadership planétaire, de l'hyperpuissance qui impose sa loi, celle du plus fort, dans ce monde unipolaire de ce début du XXIe siècle. Saura-t-il, au cours de ce probable nouveau mandat, tirer les leçons du passé et se montrer plus prudent dans ses jugements et ses décisions stratégiques? Va-t-il soudainement, face à l'adversité, passer d'un extrême à l'autre en livrant les Etats-Unis à leurs vieux démons isolationnistes? Ou nous réservera-t-il, toujours en quête d'une improbable pax americana, quelques nouvelles expéditions punitives en Iran, en Syrie ou en Corée du Nord? Le 25 novembre, un communiqué de la Maison-Blanche indiquait en tout cas que les Etats-Unis allaient prochainement engager des «discussions intensives» avec certains pays européens et asiatiques en vue de stationner des forces armées américaines «dans les endroits appropriés», afin de pouvoir faire face aux nouvelles menaces «posées par des pays hostiles, par le terrorisme et par la prolifération des armes de destruction massive». Un tel déploiement, qui devrait s'étaler sur plusieurs années et s'ajouterait aux 116 000 GI déjà basés en Europe, pourrait donc servir à appuyer d'autres «guerres préventives».
«Et la lumière surgira des ténèbres. Et les ténèbres ne reviendront jamais», promettait, le 11 septembre 2002, lors des cérémonies de commémoration à New York, Bush l'évangéliste, qui allait mériter le titre d'homme de l'année 2003. Puisse-t-il ne pas être, à nouveau et pour les mêmes raisons, celui de 2004, de 2007 ou de 2008.