LE MONDE | 06.09.03 | 13h17
Le président George Bush s'adressera,
dimanche 7 septembre, aux Américains pour faire le point sur le conflit
irakien et la politique menée par les Etats-Unis. La Maison Blanche a
jugé le moment venu d'affronter une série de contradictions et
de faire face à une critique grandissante, venant en particulier des
rangs de l'opposition démocrate. Le chaos persistant en Irak, le coût
de la guerre et de la reconstruction à venir ont obligé Washington
à réorienter sa politique en se tournant vers les Nations unies.
Le projet d'une nouvelle résolution a commencé, vendredi, à
être discuté au Conseil de sécurité des Nations unies,
Paris, Berlin et Moscou souhaitant que le texte soit réaménagé
et le rôle politique de l'ONU affirmé.
AFFRONTER SES CONTRADICTIONS
Les données du problème, pour M. Bush et pour son gouvernement, sont assez simples à résumer. Le motif qu'ils ont avancé pour faire la guerre était les armes de destruction massive que l'Irak était accusé de détenir ; on n'en a, à ce jour, trouvé aucune. Les Américains et les Britanniques devaient être accueillis en libérateurs ; ils se heurtent à un mécontentement massif et à une hostilité peut-être minoritaire, mais persistante et meurtrière. Les Etats-Unis et les pays qui ont accepté de les aider devaient suffire à la tâche ; voilà que Washington demande l'aide des Nations unies. Le président et ses conseillers ont jugé le moment venu d'affronter ces contradictions.
Les Américains ne remettent pas en question, dans leur majorité, la nécessité de faire la guerre en Irak. Le dernier sondage de l'institut Gallup sur ce sujet, les 25 et 26 août, indique que 63 % d'entre eux, contre 35 %, estiment qu'il valait la peine de faire cette guerre. A la question de savoir si l'administration Bush a "délibérément trompé" l'opinion au sujet de la menace des armes non conventionnelles, 58 % répondent "non", 39 % "oui". En revanche, naturellement, quand on les interroge sur la situation en Irak, 50 % d'entre eux répondent que les choses vont bien, mais 49 % qu'elles vont mal.
Surtout, 54 % des Américains (contre 44 %) pensent que le gouvernement "n'a pas de plan clair" pour faire face à la situation. L'opinion ne s'est pas retournée, mais, dans l'opposition démocrate, le thème du "bourbier" irakien est celui qui cristallise le mieux le rejet de M. Bush. Le succès remporté, dans l'électorat démocrate, par Howard Dean, qui s'est toujours opposé à la guerre, a amené les autres concurrents des primaires à adapter leur discours. Lors d'un débat qui a réuni huit des neuf candidats démocrates, jeudi 4 septembre, à Albuquerque (Nouveau-Mexique), même Richard Gephardt, coauteur de la résolution du Congrès soutenant la politique de M. Bush, en octobre 2002, a dénoncé "l'échec lamentable" du président, lui reprochant d'avoir mis les Etats-Unis dans une situation désastreuse, "sans plan et sans coopération internationale".
Au moment où il se prépare à demander au Congrès un budget supplémentaire de 50 milliards de dollars au moins (60 ou 70 milliards, selon certaines sources), après plus de 60 milliards votés en avril et déjà dépensés par le Pentagone, M. Bush est sommé de donner des explications sur ce qu'il entend faire de ces crédits et sur ses prévisions de dépenses, pour l'Irak, dans les années à venir.