Le consensus s'effiloche autour de la constitution irakienne


Les chiites ont fait connaître vendredi des objections de dernière minute au texte finalisé en début de semaine • La cérémonie de signature a été retardée •

Par Libération.fr

vendredi 05 mars 2004
(Liberation.fr - 17:52)

La cérémonie de signature de la Constitution provisoire irakienne (lire l'article) a finalement été retardée vendredi, à Bagdad. Annoncés pour 16h00, les vingt-cinq membres du Conseil de gouvernement transitoire n'avaient toujours pas pris place à 18h30 locales (16h30 heure française), dans le grand hall de l'ancien palais des congrès de Saddam Hussein, où s'étalait une large bannière affichant une carte du pays avec le slogan «tous ensemble, œuvrons pour un nouvel Irak».

Une première cérémonie, prévue mercredi, avait déjà été déprogrammée en raison des trois jours de deuil national décrétés à la suite des attentats meurtriers de mardi à Bagdad et Kerbala contre les chiites.

C'est la majorité chiite qui aurait formulé des objections de dernière minute sur un texte finalisé dans la nuit de dimanche à lundi, fruit d'un compromis difficile et d'intenses tractations entre islamistes et laïcisants. Selon Hamid al-Bayati, membre du Conseil suprême pour la révolution islamique en Irak (CSRII), cité par Reuters, cinq membres chiites du Conseil, dont son président Mohamed Bahr al-Ouloum et Ahmad Chalabi, du Congrès national irakien, ont protesté in extremis contre certaines clauses. Les objections concernent les modalités du référendum constitutionnel de 2005. Le texte prévoit un droit de veto si trois des provinces irakiennes rejettent la loi fondamentale par une majorité qualifiée des deux tiers, même si le projet obtient par ailleurs à l'échelle nationale une majorité de voix. Les dirigeants chiites redoutent que cette disposition accorde trop d'influence aux minorités sunnite et kurde du pays.

La deuxième objection porte sur la structure du conseil présidentiel. Les chiites souhaiteraient qu'il soit élargi à cinq membres au lieu de la troïka prévue par le texte soumis à leur signature. Un troisième point aurait également fait problème: l'insistance des chiites à définir dès à présent la structure du gouvernement provisoire censé assumer le pouvoir après le transfert de souveraineté.

Les cinq membres chiites du conseil intérimaire étaient en discussions téléphoniques, vendredi en fin de journée, avec l'ayatollah Ali Sistani, chef de file de la communauté chiite irakienne. L'administrateur américain Paul Bremer est également entré en contact avec eux pour tenter de les faire revenir sur leurs objections. Ce report constitue un revers pour l'administration américaine en Irak, qui a été associée à la rédaction de cette Constitution. Elaborée après le renversement du régime de Saddam Hussein, elle doit en effet organiser la transition politique et le transfert de souveraineté des Américains aux Irakiens, fixé d'ici au 30 juin.

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